Visiter les quartiers de Peydavant, la Fauvette, Plume la Poule et le Lycée

Sous leur air très résidentiel, ces quatre quartiers cachent des histoires surprenantes. Vous apprendrez ainsi l'origine du nom Plume la poule qui n'est pas un hasard et découvrirez le lien entre les guerres mondiales et la santé qui a par la suite façonné le territoire talençais.

Domaine de Bagatelle et l’école d’infirmière Florence Nightingale

201 rue Robespierre

La Maison de Santé Protestante de Bordeaux est à l’origine une fondation charitable créée en 1863 à Bordeaux par la communauté protestante bordelaise en faveur des plus démunis et des marins protestants étrangers. Reconnue d’utilité publique en 1867, elle va ouvrir à Bordeaux, au fil des ans, un hôpital, une école de garde-malades, une maternité, une pouponnière et un dispensaire. Et c’est à partir de 1901 qu’elle devient, sous l’impulsion du docteur Anna Hamilton, une institution reconnue.

En 1914, la famille Bosc fit don du domaine de Bagatelle au docteur Anna Hamilton, qui y déménagea la Maison de Santé Protestante de Bordeaux. Dès 1921, elle y installa un hôpital, l’une des premières écoles d’infirmières de France (l’école Florence Nightingale) et un dispensaire.

Anna Hamilton a révolutionné le rôle des infirmières et infirmier et rendu possible une vraie formation diplômante médicale pour les femmes.
Sa thèse « Considération sur les infirmières dans les hôpitaux » est une enquête documentée sur l’état des soins hospitaliers au XIXᵉ siècle. Elle y aborde le bien-être des patients et le développement de formation plus professionnalisante pour les gardes malades s’inspirant du modèle de Florence Nightingale.
En 1901, elle choisit de travailler à la Maison de Santé Protestante de Bordeaux. Grâce à son ambition et sa volonté, elle arrive à faire ouvrir une école de nurse sur le domaine de Bagatelle. Elle continue son entreprise en faisant construire un centre social au sein de l’hôpital Bagatelle à Talence.
Elle décède à Talence en 1935 d’un cancer.

 

Le Couvent et parc Saint-Pierre

114 chemin de Suzon

Ce couvent fut donc édifié en 1861 par les sœurs dites « solitaires », branche contemplative des religieuses de la Sainte-Famille. Ce groupe de religieuses s’est établi à Talence en 1861 jusqu’en 1966. Il s’agissait surement des dépendances de l’ancien prieuré de Notre-Dame de Rama (XIIe siècle).

C’est l’architecte bordelais Louis Garros qui dessina les avant-projets du bâtiment, et releva ainsi l’ancienne demeure (une maison de campagne du XVIIIe siècle) de trois étages et conserva le sous-sol. Le rez-de-chaussée comportait à lui seul 18 pièces !

Une partie du parc de 6000 m² est ouvert au public. On y trouve une petite chapelle, un oratoire et des arbres magnifiques datant de la création du couvent ! Le parc possède également un jardin partagé, où sont plantées herbes aromatiques et médicinales.

Cet établissement avait une vocation avant tout agricole et était connu pour son élevage modèle de bovin


ZOOM SUR : LE CIMETIÈRE TALENÇAIS

Situé dans le quartier La Fauvette, rue Suzon, on peut encore aujourd’hui voir la tombe d’Anna Hamilton au sein du cimetière municipal.

Et juste derrière, vous trouverez un cimetière militaire créé en 1918 pour recevoir les tombes de soldats alliés morts sur le sol français. Contrairement aux grandes allées des cimetières habituelles, il s’agit d’un espace discret recevant quelques tombes individuelles, 5 américaines sur la gauche et 13 canadiennes sur la droite, reconnaissables à leur forme caractéristiques des cimetières britanniques.
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Des châteaux à l’histoire insolite

CHÂTEAU PARTHENVAL

77, 79,81,83 avenue du Maréchal Leclerc

En traversant l’avenue du Maréchal Leclerc, vous pourrez apercevoir caché derrière les arbres une ancienne villa à l’histoire surprenante. En effet, le nom de Parthenval signifie « Vallée de la vierge » en souvenir de la statue de la vierge (la Pietà de notre Dame) que des enfants découvrirent cachée dans un fossé du domaine, en 1729.
Le domaine fut acheté en 1795  par un armateur bordelais qui fit détruire la chapelle et réutilisa les matériaux pour la construction d’une remarquable villa de style néo-classique. Il est dit qu’au sein du jardin existait un chêne qui datait de plus de six siècles !

DOMAINE MONTAGNE MONPLAISIR

82 rue Peydavant (entrée : 2 rue Descartes, résidence Le Castelou)

Si le château Montagne Monplaisir n’est pas le plus remarquable des monuments talençais, la construction de ce bâtiment est assez insolite. En effet, elle date de la fin du XVIIIᵉ siècle et du début du XIXᵉ siècle. Or, les deux tours pourraient être des vestiges d’un édifice datant de la Renaissance (XVᵉ siècle). Une des tourelles est coiffée d’un toit conique de forme très élancée, l’autre tourelle supporte une toiture en mansardes. Toutes deux sont recouvertes d’ardoises.

Par ailleurs, il a appartenu au futur beau-père de Montesquieu.  À cette époque, le domaine s’étendait de la route de Toulouse à la route de Bayonne !

Sur les traces des guerres mondiales

Les bâtisses que vous allez rencontrer en chemin ont toutes servi durant la première ou seconde guerre mondiale. Des écoles transformées en hôpital militaire, des châteaux réquisitionnés pour loger des soldats…

 

 

Château Crespy

Angle de la rue Peydavant et avenue du Maréchal Leclerc

On peut reconnaître la bâtisse grâce à sa véranda bleue tout en hauteur.Construit au XVIIIᵉ siècle, c’est après la Révolution, que le bien passe dans les mains de la famille Nairac, riches négociants déjà propriétaires du château Margaut.
En 1822 la famille Crespy devient propriétaire du domaine, cette dénomination de « Crespy » demeure encore aujourd’hui, bien que différents propriétaires se soient succédés.

Tout comme le château de Thouars, Crespy fut un témoin phare des guerres mondiales : camps de réfugiés, Centre de formation au 221ᵉ Régiment d’Artillerie Lourde Coloniale, hôpital allemand… On trouve ainsi des traces de cette histoire dans les photos d’archives conservées à la mairie.

 

Château Du Breuil, dit Gardères

21 avenue du Château, 24 avenue du lycée

Pendant des siècles, le quartier du Breuil n’a pas eu d’autre identité que son nom, dérivé du vocable celtique « brogilu » signifiant bois marécageux. Il s’étendait sur 50 hectares, entre l’ancien chemin de Saint-Jacques (avenue Roul) et la route de Bayonne, où prenaient naissance de petits ruisseaux affluents de l’Ars.
Selon les époques, des parcelles de ce terroir furent rattachées à des domaines voisins tels que Bardenac, Monadey et Coudournes.

Sur ce domaine produisant un vin de qualité, une élégante demeure probablement construite à la fin du XVIIIᵉ siècle. Celle-ci est constituée par un corps de bâtiment et un parc remarquable, le tout d’une superficie de 9000 m² environ. Le château dispose d’un escalier à double volée.
En 1895, La famille Gardères devient propriétaire du domaine. Maurice Gardères, adjoint au maire et ingénieur, avait fondé, rue Angel Durand, une société de constructions mécaniques destinées aux chemins de fer et à la marine militaire. Les progrès du rail et la guerre de 14-18 avaient assuré sa fortune.
Le couple, qui durant la Première guerre mondiale a abrité dans leur château les infirmières de l’hôpital américain situé au lycée Victor Louis, firent don en 1921 de ce bien à la commune, avec comme condition que celle-ci y crée un hospice civil public pour les personnes âgées. Après les aménagements nécessaires, la commune ouvre l’hospice Gardères.
En 2019, la Ville, fidèle à son engagement, va plus loin en lançant un projet d’habitat intergénérationnel. Ainsi,  dans château Gardères cohabitent désormais personnes âgées et étudiants.

 

Lycée Victor Louis

2 avenue de Thouars

Le Lycée fut construit par l’architecte Duverger en 1854, dans le prolongement du domaine du château Du Breuil. Les travaux prolongèrent le château d’une aile de 30 mètres.
Il ouvrit ses portes en 1860 et devint alors le Petit Lycée impérial de Talence, annexé au Lycée de Bordeaux (unique lycée de Gironde). Mais, la création du lycée Longchamp en 1901, aujourd’hui lycée Montesquieu, nuit à l’école de Talence dont l’effectif devient rapidement insuffisant. L’annexe du lycée impérial de Bordeaux est ainsi contrainte de fermer pendant trois ans, de 1903 à 1906.
Sa réouverture est marquée peu après par une plaque fêtant le cinquantenaire de l’établissement. Le petit lycée accueille alors les enfants de la région et 7 à 8 % viennent d’Amérique du Sud et des colonies françaises.
Réquisitionné comme hôpital militaire durant les deux guerres mondiales (soit par les Français, les Américains, ou les Allemands), une plaque commémorative rappelle cette période. En tout, 26 000 malades ou blessés ont été accueillis.
Le nom de ce lycée de Talence rend aujourd’hui hommage à l’architecte du Grand Théâtre de Bordeaux.

 

L’Église de la Sainte-Famille

6 rue Charles Gounod

Sa construction a mobilisé tout un quartier pendant plusieurs années, de 1953 à 1959, date de la consécration de la chapelle. Beaucoup d’habitants du quartier, dont des non-catholiques, se sont investis pour sa réalisation, par des dons, du temps passé à diverses activités pour financer le projet et pour la construction elle-même.
À la fin de la guerre mondiale, le quartier Peylanne est encore une zone fortement rurale, mais de plus en plus d’arrivants s’y installe. Mais à l’époque, la seule Église accessible était celle de notre Dame. En 1950, un baraquement en bois est installé dans ce quartier en guise de Chapelle, mais très vite celle-ci s’avère trop petite. Cette Église est imaginée comme un vrai lieu de vie du quartier avec : l’église, mais également un cloitre, des salles de réunions, un terrain de sport, et une école (que l’on peut apercevoir derrière l’église).

La chapelle que nous connaissons aujourd’hui est achevée en 1961.

 

 

L’école Paul Lapie – ancien Château de Mégret

11 rue du Général Bordas

Cet édifice imposant fut construit au XVIIᵉ siècle. Il portait primitivement le nom de château des Flottes. Il subsiste aujourd’hui de ce grand domaine viticole le château et le portail monumental.
Après avoir appartenu à plusieurs propriétaires, le château fut acquis en 1849 par Jean-Baptiste de Mégret de Belligny et prit couramment le nom de château de Talence. Il le restaura, l’embellit et planta dans le parc des arbres exotiques.
Jean-Santiago de Mégret de Belligny fut élu 3 fois maire de Talence (en 1863, en 1870, en 1871). Le château fut racheté par la commune en 1929 pour y installer une école primaire qui ouvrit en 1935.

 

l’Auberge Plume la Poule

2 rue Pacaris

Aux abords du quartier Plume la poule se cache dans un jardin un petit bar iconique, Le stag and loar pub, qui fut un temps l’auberge Plume la poule. Installée depuis le milieu du XIXᵉ siècle, cette ancienne auberge, révèle l’origine du nom du quartier.

Depuis le Moyen Âge jusqu’à la création des boulevards, dans la deuxième moitié du XIXᵉ siècle, les habitants de Talence devaient payer une redevance (l’octroi), pour rentrer des marchandises sur Bordeaux. Plusieurs petits locaux étaient situés à chaque barrière pour percevoir cet impôt. Cette taxe concernait notamment les éleveurs vendant leurs volailles à Bordeaux.
L’octroi était plus élevé si les volailles étaient vivantes. Les éleveurs s’arrêtaient donc à quelques lieux de ces postes de péages, tuaient leurs bêtes et les plumaient. Et c’est ainsi qu’est resté le nom Plume la Poule !

N’hésitez donc pas à prendre un verre dans ce lieu très convivial qui a gardé son cachet d’antan. En plus d’un jardin “comme à la maison”, les bières locales y sont excellentes (à consommer avec modération).


ZOOM SUR : la tour Peydavant

Juste avant de faire une pause bien méritée au Stag et loar pub, faites un petit détour sur la place arborée de Peydavant.
Le nom de Peydavant est connu comme étant l’un des huit bourgs formant Talence depuis la fin de l’Ancien Régime.
Depuis 1926, il désigne un quartier de Talence. Sur cette place avec des platanes, vous trouverez une tour ronde datant de 1898. Il s’agit d’une ancienne dépendance du domaine Peydavant, qui contenait alors 7,5 ha dont 7 ha de vignes de 1ʳᵉ catégorie.


 

Chalet les Echos

31 rue Pacaris

Dernière point d’étape, cette chartreuse du XVIIIᵉ siècle était à l’origine une « maison de campagne » de plain-pied, avec une orangerie. C’est une surélévation en briques vers 1850-1860 qui lui confère ce style Second Empire, ou « maison arcachonnaise ».

Au rez-de-chaussée, une date issue du calendrier révolutionnaire est inscrite sur le mur : 9 thermidor an IV (27 juillet 1794). C’est la date d’un coup d’État qui entraîne l’arrestation de Robespierre, et la fin de son gouvernement révolutionnaire : La Terreur.

Aujourd’hui, le Chalet Les Échos appartient à une banque et juste derrière, vous pourrez réserver une partie d’escape game. Attention ! Jeunes enfants et peureux s’abstenir… En effet, The Hostel est fait pour les amateurs de frisson et film d’horreur !

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LE PARCOURS PEYDAVENT, LA FAUVETTE, PLUME LA POULE ET LE LYCÉE
Des châteaux remarquables chargés d’histoire aux belles demeures réhabilitées, le quartier de Peydavant, la Fauvette, Plume la Poule et le lycée vous révèle des trésors parfois insoupçonnés.

  • 4 km 100
  • À pied : 1h30
  • À vélo : 40 min

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